Maghrébins 2016
L'histoire du maghreb
Alors que la majorité des Maghrébins s'identifie culturellement aux
Arabes, des études scientifiques tendent à indiquer qu'ils seraient, en
très grande majorité, ethniquement Berbères.
« Comparés avec d'autres communautés, notre résultat indique que
les Tunisiens sont très liés aux Nord-Africains et aux Européens de
l'Ouest, en particulier aux Ibériques, et que les Tunisiens, les
Algériens et les Marocains sont proches des Berbères, suggérant une
petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région au
VIIe ou VIIIe siècle. » ( A. Hajjej, H. Kâabi, M. H. Sellami, A.
Dridi, A. Jeridi, W. El Borgi, G. Cherif, A. Elgaâïed, W. Y. Almawi, K.
Boukef et S. Hmida, « The contribution of HLA class I and II alleles and haplotypes to the investigation of the evolutionary history of Tunisians », Tissue Antigens, vol. 68, n°2, août 2006, pp. 153–162).
Le verdict des chercheurs ci-dessus est sans appel : l’identité
arabe (ou arabo-musulmane) du Maghreb relève plus du fantasme que de la
réalité. En psychologie, « un fantasme est une construction
consciente ou inconsciente, permettant au sujet qui s’y met en scène,
d’exprimer et de satisfaire un désir plus ou moins refoulé, de surmonter
une angoisse ». Ce fantasme, inventé par les monarchies
pétrolières et leurs harkis islamistes, a été injecté dans les têtes et
les esprits à une époque récente.
Bien que ces études soient basées sur des échantillons retreints,
elles sont parlantes. Elles confirment ce que les historiens ont
toujours affirmé : l'apport arabe est très minoritaire dans les
populations maghrébines (Ibn Khaldoun, Gabriel Camps, etc.), car
quelques dizaines de milliers d'envahisseurs arabes n'ont pas pu,
génétiquement et matériellement, changer des millions de Berbères en
Arabes.
En effet, le plus grand historien maghrébin, Ibn Khaldoun
(1332-1406), l’avait depuis longtemps démontré : les Maghrébins ne sont
pas des Arabes, mais ce sont des Berbères « arabisés » (mousta’arabouneمستعربون ).
Historiquement et de tout temps, la culture arabe a toujours nettement
distingué les Arabes (considérés comme "le peuple élu" auquel Allah a
confié la mission de propager l’Islam) des non Arabes (les sujets de
sonde zone, les peuples dominés). Ceux-ci sont appelés ‘Ajam, عجم
, c'est-à-dire des non arabes, « des étrangers », l’équivalent des
« Barbares » des Grecs ou des Romains. Les Barbares des Arabes
regroupaient tous les peuples soumis par les armes : Perses, Byzantins,
Berbères, Kurdes, etc. Pour ces peuples, se déclarer musulman permettait
alors d’échapper à l’impôt que devait payer tout sujet non musulman.
Cependant, même pour ceux qui ont opté pour la culture arabe et la
religion islamique, ils restent, aux yeux des Arabes de souche, des
« non Arabes ». C’est toujours le cas aujourd’hui, malgré les
déclarations et les salamalecs officiels. Les Arabes de la péninsule
arabique, détenteurs du label de l’arabité authentique, considèrent les
Maghrébins avec une certaine condescendance. Nous avons vu comment, sous
le prétexte que les « chiffres arabes » avaient été conçus par des
Maghrébins, des non Arabes, les seuls pays au Monde qui ne les utilisent
toujours pas sont des pays arabes du Moyen Orient !
Le Maghreb leur est aussi étranger que la Papouasie ou le Zoulouland.
A- Génétique : Adn et généalogie ou l’histoire de nos ancêtres
A partir d’un simple prélèvement salivaire, les généticiens sont
désormais en mesure de retracer l’histoire des migrations des ancêtres
de tout individu. Leurs techniques sont si performantes qu’elles
permettent de remonter jusqu’à la préhistoire, soit 900 ans avant
Jésus-Christ, juste avant l’arrivée, en 814 av. J.C., de Didon/Elyssa,
fondatrice et reine de Carthage.
C’est au travers de l’haplogroupe que les généticiens sont capables
de remonter la lignée généalogique sur autant de décennies. Les
haplogroupes peuvent se définir comme les branches de l’arbre
généalogique des Homo Sapiens, ils représentent l’ensemble des personnes
ayant un profil génétique similaire grâce au partage d’un ancêtre
commun.
On distingue deux sortes d’haplogroupe, le premier étant d’ADN mitochondrial et le second le chromosome Y.
L’ ADN mitochondrial (ADNmt) est transmis de la mère à ses enfants
(fille et garçon), l’haplogroupe ADNmt réunit les personnes d’une même
lignée maternelle. Le chromosome Y est transmis uniquement du père vers
son fils, l’haplogroupe chromosome Y se compose des hommes partageant un
ancêtre de la lignée paternelle.
Grâce à l’identification des haplogroupes et à leur comparaison
entre populations, il est possible de connaître, avec une certitude
relative, les déplacements migratoires réalisés par des peuples. Ces
techniques permettent donc de déterminer la zone géographique dans
laquelle nos ancêtres vécurent.
Lignée paternelle maghrébine : l'ADN du chromosome Y
Les principaux haplogroupes du chromosome Y des Maghrébins
(berbérophones et arabophones) les plus courants sont : le marqueur
berbère E1b1b1b (M81) (65 % en moyenne) et le marqueur arabe J1 (M267)
(15 % en moyenne). Plus de 80 % des Maghrébins y appartiennent.
E1b1b1b est le marqueur berbère. Il est caractéristique des
populations du Maghreb. Dans certaines parties isolées du Maghreb, sa
fréquence peut culminer jusqu'à 100 % de la population. Ce haplogroupe
se retrouve aussi dans la péninsule Ibérique (5 % en moyenne) et à des
fréquences moins élevées, en Italie, en Grèce et en France.
J1 est un haplogroupe « sémitique » très fréquent dans la péninsule
arabique, avec des fréquences avoisinant 70 % au Yémen. J1 est le
marqueur « arabe ». 20 % des Juifs appartiennent aussi à J1. On en
conclut que l'origine des Arabes est le Yémen. Le marqueur arabe se
retrouve aussi en Turquie, en Europe du Sud et en France.
D'après les données du tableau intitulé "Lignée paternelle : l'ADN du chromosome Y" figurant dans l'article de Wikipédia relatif aux Maghrébins,
nous avons calculé que, en moyenne, chez les Maghrébins, le marqueur
berbère est majoritaire à 59,6%, et que le marqueur arabe est
minoritaire à 20,6%.
Lignée maternelle : l'ADN mitochondrial
Selon le même tableau cité ci-dessus, les études montrent que la
structure génétique mitochondriale générale des populations du Maghreb
est composée majoritairement d'haplogroupes (H, J, T, V...) fréquents
dans les populations européennes (de 45 à 85 %), d'haplogroupes L (de 3 à
50 %) très fréquents dans les populations sub-sahariennes, et d’autres
haplogroupes très minoritaires.
Conclusions de la génétique
En moyenne, le Maghrébin est donc, globalement :
- à 60% d'ascendance berbère et à 20% d'ascendance arabe du côté paternel,
- à plus de 50% d'ascendances diverses, qu'il partage avec les Européens, du côté maternel.
Les défenseurs de l’hégémonie, voire même de l’exclusivité du
caractère arabo-musulman du Maghreb, tentent de gommer de la mémoire
collective toutes les autres composantes de l’identité nationale ou
maghrébine et d’imposer une conception extraterritoriale de l’État
nation, en l’occurrence la Oumma islamique, cet ensemble mou et informe,
prélude à la dissolution de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc dans
un califat archaïque et cauchemardesque. Mais là où le bât blesse encore
plus, c’est que, alors que la plupart des sociétés modernes s’orientent
vers le multiculturalisme et vers l’ouverture, le "monde arabe" semble à
la recherche d’une pureté identitaire chimérique et complètement
fantasmée.
B. L'héritage linguistique maghrébin
La langue berbère de nos premiers ancêtres maghrébins est devenue
minoritaire aujourd'hui : quasiment éradiquée en Tunisie et en Libye,
elle est encore vivante au Maroc et en Algérie.
Les Maghrébins actuels parlent, en majorité, une langue commune, la
darija ou derji. Cet ensemble de parlers populaires est appelé maghribi
par les linguistes, ou langue maghribia ou maghrébia. La Maghrébia est
une langue issue du « mariage » des langues berbère et punique. Ces deux
langues sont relativement proches car elles font partie de la famille
linguistique chamito-sémitique. Elles sont aussi,
historiquement, très antérieures à la langue arabe, la langue du Coran,
dont la première preuve écrite indiscutable date du septième siècle (les
plus vieux feuillets du Coran, visibles à la Bibliothèque Nationale de
France, dateraient de 34 ans après l’hégire). La langue maghrébia précède donc la langue arabe de plus mille ans :
affirmer que la Maghrébia découle de l’arabe est donc un « non sens »
historique. Voir, pour plus de détail, notre article intitulé « La langue maghrébia date de plus de 25 siècles ».
Comme, par ailleurs, la langue phénicienne et la langue arabe sont
des langues sémitiques, elles ont beaucoup de termes communs ou
phonétiquement voisins. D’ailleurs les noms de beaucoup de lettres de
l’alphabet arabe sont les mêmes en punique et signifient la même chose.
Autrement dit, les langues maghrébia et arabe, issues du même ancêtre
sémitique, sont des langues cousines, comme le sont par exemple
l’espagnol et l’italien. Cet aspect linguistique explique pourquoi
« l’arabisation » de la Berbérie s’est faite rapidement et facilement.
En fait d'arabisation, les populations punico-berbère des villes et des
côtes parlaient déjà la Maghrébia, une langue très proche de l'arabe.
Avec les conquêtes arabes, la Maghrébia s’est enrichie de l’apport
arabe, mais elle reste une langue distincte de l’arabe : lorsque deux
Maghrébins parlent entre eux, un Saoudien ou un Syrien aura du mal à les
comprendre.
Depuis ces temps préhistoriques, cette langue maghrébia - tant
méprisée par les autorités politiques maghrébines, toutes tendances
confondues - perdure et continue à vivre. Malgré toutes les lois et
toutes les déclarations pompeuses, la langue arabe n’a jamais été et ne
sera jamais la langue maternelle de quiconque, y compris à la Mecque,
son lieu de naissance officiel. Elle ne perdure que grâce à deux
phénomènes :
(1) c’est la langue du Coran et de la liturgie islamique ;
(2) par la volonté politique des gouvernements des pays arabes.
source : ww.agoravox.fr
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